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Pollution d'une nappe d'eau stagnante par le chrome héxavalent contenu dans le sol au New Jersey (USA) Source : www.mindfully.org |
La pollution
Comme expliqué en introduction, le
tannage au chrome représente la majeure partie du cuir sur le marché. Ce
procédé est plus rapide et facile à mettre en œuvre que d’autres méthodes
à base d'extraits végétaux ou mixtes.
Cependant, même si l'oxyde de chrome (chrome III) utilisé pour le tannage est naturellement présent dans la nature et dans l’organisme humain, à forte dose il devient toxique. De plus, ce même chrome III peut se transformer en chrome VI qui est extrêmement nocif (voir fiche toxicologique sur le site de l'INRS). Cette transformation peut se produire naturellement dans le sol.
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Niveaux de pollution de la rivière Riachuelo en Argentine dus aux tanneries. Source : http://hmf.enseeiht.fr |
Une étape spécifique du tannage au
chrome, et que peu de gens connaissent, est le picklage. Afin que les sels de
chrome agissent en profondeur dans les peaux, celles-ci sont trempées dans une
solution d’acide sulfurique très concentrée. Cette étape génère des sulfures
toxiques.
Le principal problème est que dans les
plus gros pays producteurs de cuir (Argentine, Bangladesh, Brésil, Chine etc.),
les tanneries rejettent des eaux usées chargées en sels de chrome et en sulfures dans les
rivières.
La sécurité des travailleurs
Ne nous voilons pas la face, les
pays émergents n’ont pas les mêmes normes de sécurité au travail qu’en
Occident. Différentes étapes de la fabrication du cuir peuvent être dangereuses
(manipulation d’acides et de bases fort(e)s, utilisation de machines etc.). De plus, dans des pays comme le Bangladesh ou l'Inde, faire travailler des enfants
n’empêche pas les employeurs de dormir.
Voici quelques articles sur le sujet :
La qualité des peaux et le traitement des animaux
Obtenir un beau cuir nécessite des
animaux élevés dans des bonnes conditions, c’est-à-dire (entre autres) nourris
convenablement, élevés en plein air et dans un environnement ou ils ne subiront
pas de blessures (donc pas de mauvais traitement inutiles). Sachant comment les
employés sont traités dans des pays comme le Bangladesh, il est peu probable que
les animaux bénéficient de meilleures faveurs. On peut conjecturer
que des prix bas impliquent des peaux avant tannage dont la qualité est possiblement très
douteuse.
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À droite, les marques laissées sur un cuir par du barbelé. Dans le Périgord, des exploitations bovines utilisent du fil lisse plutôt que barbelé pour produire une peau plus belle ( source : http://bovins-viande.reussir.fr/) |
De nombreux cuirs disponibles sur le marché
sont rectifiés, c’est-à-dire poncés pour obtenir une surface plus homogène et
belle (voir l’article sur le cuir véritable pour plus de détails). Cependant,
ce ponçage fragilise considérablement le cuir et le rend moins durable. Moins
durable signifie plus de déchets et donc un encouragement à la sur-consommation
de cuir bas de gamme. On est dans un cercle vicieux. Un article intéressant résumant la situation : http://www.rebelle-lion.fr/le-proces/condition-animale/habillement/cuir-et-souffrance-animale/.
Le coût du transport
Faire voyager le cuir sur de longues
distance a un coût financier, certes. Cependant, on entend suffisamment dans
nos medias que le prix est aussi environnemental. Un cuir provenant
d’Argentine, du Brésil ou d’Asie parcourt plusieurs milliers de kilomètres.
En Union Européenne.
Produire du cuir en Europe coute
cher. Nos ouvriers travaillent dans des conditions sécuritaires (équipements de
protection, installations adaptées et machineries aux normes de sécurité). De
plus, même si du cuir au chrome est produit ici, les tanneries européennes n’ont
pas le choix de récupérer les effluents de leur production, de les laisser
décanter dans des bassins spéciaux et ensuite de recycler l’oxyde de chrome
récupérable et de neutraliser le reste avant de s’en débarrasser.
Parmi les plus beaux cuirs que j’ai eu
entre les mains l'un est issu de veaux français qui sont élevés sous la mère (veaux Barénia). D'autres viennent de Scandinavie (Norvège notamment) où les vaches sont laissées
libres dans des prés. Il n’y a aucune clôture barbelée qui pourrait les blesser
et elles se nourrissent naturellement d’herbe la plus grande partie de l’année.
Les végétaliens trouveront toujours à y redire, mais on est loin de ce que l’on peut voir dans certains états américains.
Favoriser l’achat local
Il est selon moi très important de faire
des choix éco-responsables. Je monte actuellement mon entreprise de
maroquinerie. Je fais le choix de n’utiliser que des cuirs tannés en France, en
Allemagne et en Italie. Je favorise exclusivement le tannage aux extraits
végétaux et provenant de vaches européennes. J’encourage donc les lecteurs à
favoriser l’investissement dans des produits en cuir de qualité ou alors de se
tourner vers d’autres matériaux textiles (fibres végétales entre autres) qui
seront moins néfastes pour l’humain et son environnement.
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